ne

pas terminer
des toiles
mais
les laisser
reposer
d'une semaine à l'autre

un luxe
inaccessible
du temps où je peignais
de rares fois l'an

le luxe
c'est le temps

temps pour marcher
aussi
et traverser la ville
pour aller manger
chez ma chère marraine

repartir

reprendre
les pinceaux

ne rien
dire

poser
des couleurs
qui
me surprennent
sans cesse

après

l'urgence
la lenteur

des toiles pas finies
attendent
une retouche
ou
deux

la bulle d'air
s'inspire

c'est bon
le temps

géométrie

molle
le retour
grand aplats
moins de flou
moins de gommage
après peinturage
geste arrêté
en vol

j'arrive

photo Sandrine Fraikin

au bout

de cette série de photos

de cette première série

de toiles

ici

j'aime

le fait

que les couleurs s'aèrent

un peu

au lieu de s'amalgamer

en des masses

compactes

qui ne respirent pas

ça me semble plus léger

que ce que je peignais avant

sans

photo Sandrine Fraikin

commentaire particulier

sans nom

sans notes

sans dessin préalable, évidemment

sans plan

sans projection

sans aucune imitation

sans arrière-pensée

et

sans préparation

mais

dans le silence

la paix

le calme

et

en berçant un bébé

qui s'endort au sein

tandis que je tourne autour de la table

sur laquelle est étendue la toile

c'est

photo Sandrine Fraikin

un tout petit peu flou

mais

c'est pas grave...

le brouillard

c'est sympa

du moment qu'on ne s'y perd pas

tout à fait

du moment

qu'on a

quelques repères

en haut

en bas

à droite

à gauche

sens unique

sens interdit

pas de vélos s'il vous plait

pas d'excès de vitesse

aïe aïe aïe

dans le brouillard

ça peut faire de gros dégats!

carré bleu-vert-mauve

photo Sandrine Fraikin

sur rectangle

bleu-vert-mauve

non

ça ne va pas!

ramoneur dans la nuit

c'est déjà pris

carré blanc sur fond blanc aussi

je ne sais pas, moi, ce que je fais

y a pas besoin de mettre des mots dessus

les mots n'ont absolument rien à voir avec tout ça

et puis...

ils seraient capables de m'emmêler les pinceaux

(pas

photo Sandrine Fraikin

de photo

des toiles de cette semaine

pour l'instant)

mais

peu importe

j'ai été étonnée

des couleurs qui sortaient

rien de très habituel

j'ai joué avec du blanc

- chose que je déteste habituelllement, par grand principe ridicule -

j'ai joué avec du rouge foncé, presque brun

je ne le fais jamais

j'étais bien embêtée

de me retrouver

avec ça

dans les pattes

mais

qu'y faire?

on se retrouve parfois

en surprenante compagnie

et on avance avec

on a parfois besoin

d'un grand nombre d'étapes

avant de pouvoir dire

que l'on a touché terre

on a parfois besoin

d'un nombre

surprenant de couches

et de surcouches

certaines

épaisses

d'autres fines

pour que les couleurs

brutes

prennent

soudain

visage

si

photo Sandrine Fraikin

on m'avait dit

que je trouverais

le temps

la lumière

la paix

pour peindre

écrire

dans un sous-sol bruxellois

en compagnie d'un bébé...

comment

photo Sandrine Fraikin

subitement

un désir

clair

mais bloqué

depuis 23 ans

en moi

peut-il

en ce mois d'août

se concrétiser ?

pourquoi tant de temps

pour trouver

un espace

un temps

dans ma vie

pour ce projet

dont j'étais fatiguée

de m'entendre

parler

ça ne faisait pas "vrai"

mais toujours, j'en parlais

à tel point que je ne pensais pas que je parviendrais un jour à vivre ce rêve-là

mais il faut croire que certains rêves se réalisent parfois

c'est tellement inattendu

absolument surprenant

et évident

maintenant

(take off)

photos Sandrine Fraikin

marrant !

photo Sandrine Fraikin

chez Schleiper

on me dit bonjour quand j'entre

dans le magasin

on me reconnait

(ça change du temps

où j'y allais une fois par an !)

le temps de travail

au calme

loin de chez moi

me permet

de donner

plus de calme

à mes enfants

quand je suis avec eux

autant j'étais encombrée

lorsque je tentais de peindre

avec eux autour de moi

qui me parlaient

autant

le temps passé en atelier

calme

concentrée

décidant minute après minute

à quoi la suivante sera consacrée

(écriture, tétée, traduction, peinture et retétée,

en alternance au fil de la journée,

sans connection au net)

me rassemble

et reconstruit

un jour

peut-être

je pourrai peindre pour moi

vraiment

en présence de mes petits

mais

pour cela

j'ai d'abord besoin

de reprendre

quelques forces

petit à petit

car

j'ai trop longtemps

mis les besoins

des petits, des grands et aussi des plus âgés

devant

devant

devant

mes besoins

et j'ai de petites choses à rattrapper

des clés

photo Sandrine Fraikin

pour avancer

sereine

dans mon désordre :

1).- petits brins de lumière

étonnamment

offerts

+

2).- la matière première

l'outil

pâte et pinceaux

+

3).- l'amitié

qui me porte

me réchauffe

sans cesse

et celle

qui me relaie

confiante

quoi qu'il arrive

+

4).- les clés d'un endroit

qui se fait atelier

lorsque j'y atterris

= une voie

dont j'ai longtemps parlé

et sur laquelle résonnent

mes pas

pour du vrai

comme

photo Sandrine Fraikin

un vitrail

une grille

avec des jours

laisse entrer

autre chose

mas pas trop

à

photo Sandrine Fraikin

feu

doux

les jours se déroulent

calmes

riches

en surprises

c'est si bon

d'être centrée

limite

photo Sandrine Fraikin

couches

légères

ou

épaisses

jours

remplis

nuits

trouées

les limites

sont

presqu'acceptables

enfin

pas tout à fait

les

photo Sandrine Fraikin

goûts et les couleurs, ça ne se discute pas...

avec

photo Sandrine Fraikin

un peu

de recul

à

photo Sandrine Fraikin

tâtons

se profile

un chemin

cabossé

sur lequel

on pourrait trébucher

si

l'on

ne se

retenait

de trop y

déambuler

alors

on le laisse

à ses cahots

illuminés

l'éclat surgit

là

où

on ne l'attend pas

il

photo Sandrine Fraikin

ne faudrait

pas croire

que je sais ce que je fais

ou

où je vais

je sens juste que c'est le moment

pour moi de faire ça

alors...

le papier

photo Sandrine Fraikin

kraft

c'était avant

dernier essai

qui date de fin juin

extrait d'un grand format

1m sur 3 environ

le pinceau glisse mieux que sur la toile

j'attends

avec
une
impatience
non feinte
quelques photos
prises hier
ici
de toiles
ramenées
sur des roulettes
jeudi
d'ailleurs

et

photo Corinne Alexandre

je crée

non pas avec mon ventre

mais de mes mains

et
la sérénité
se réinstalle

et reste

en moi

suis reviendue

contente
chantant
pour mon bébé

six toiles sous le bras

à moi
le mystérieux
plaisir
de peindre
sans être
interrompue...

besoin

photo Sandrine Fraikin

comme

lorsque

je donne naissance

à un enfant

(mais cette fois

c'est pour

une re-naissance

de moi)

de m'ancrer

dans le sol

alors

une cave

ce n'est pas mal pour ça

avec de la lumière

beaucoup de lumière

des miroirs

des murs blancs

et des toiles

autour de moi

je migre

à temps partiel

fais mes bagages

entre pas grand chose

et presque rien

(de toute façon

il y a un Schleiper pas loin)

trouvé

photo Sandrine Fraikin

un petit coin

serein

où j'emmène

cette semaine

de quoi

lire

écrire

et

peindre

deux-trois jours par semaine

Quand

photo Sandrine Fraikin

" V "

signifie

temps pour soi

pour la couleur

et l'écriture

on croirait s'envoler !

cherche

photo Pierre Wathelet

atelier

pour y peindre

et y vivre

une partie

de la semaine

là-bas

photo Sarah Destrebecq

il y a

je ne sais quoi

alors

j'y vais

plus éveillée

à moi-même

et à l'autre

qu'avant

c'est déjà ça !

un changement

de disposition

de petites choses
lumineuses
flottantes

remontent
redescendent

en peinture

je repars à zéro

emboîtées

photos Sarah Destrebecq

l'une dans l'autre

nous sommes parties

chez Sarah et Jean-Benoît

pour 24h

de détente

de récits

de promenade

et de repos

partance

pour demain
depuis des jours
je pense

et je me dis
que je dois
aller

en des lieux
amicaux

où je me sentirai bien


au long de ce que sera
cette année
particulière



au bout
de laquelle
j'espère
j'espère
pouvoir
emménager
dans mon atelier
mon antre à moi
que je dois rénover

voyage

pour reprendre des forces

aux sources - qui sont partout -

car je suis sans attaches uniques

j'ai trop bougé pour ça, très tôt

je n'ai pas un accent

j'en ai plusieurs

je suis un caméléon

qui repart

avertie

de mes envies

de nomadisme

Martine

m'a offert

pour mon anniversaire

une petite boîte d'aquarelles

je l'étrenne dans ce train

qui m'emmène

vers

une première destination

je me suis posée ailleurs
le temps de quelques sommes, rires, pleurs
temps de souffler un brin


d'accumuler les siestes
au fil d'une journée
sans autre but


que de la laisser couler
en douceur


reculer


avancer

c'est le même mouvement

intérieur

extérieur

deux sacs

et un enfant
sur mon dos

envolée pour
deux petites nuits
et une journée pleine
de siestes
et de mots doux

entrecoupés
de soleil et de fruits